Sites Naturels

Parc National de Manu

Expédition au parc national de Manu en Amazonie péruvienne (octobre 2011).

Il faut bien admettre que le célèbre parc de Manu se mérite car il nécessite un long voyage.

Le point de départ se situe à Cuzco et c’est de là que l’on prend toutes les dispositions pour ce voyage. Nous avions décidé de nous adresser à un tour opérateur local car, si aller seul à Manu reste en théorie possible, cela semble quand même difficile à organiser et sans doute très onéreux.

Nous avons repéré 6 compagnies possibles sur internet et avons choisi finalement la moins chère.

En fait, chacune a sa spécificité ; c’est-à-dire un site particulier qu’elle gère à elle seule.

Pour comprendre cela, quelques explications s’imposent : Manu est un grand parc national très fermé où seule une petite partie est ouverte aux touristes. Sa fonction est de protéger les dernières populations d’Indiens encore non contactées.

Au sud du parc s’étend une zone périphérique aux activités contrôlées (du moins on le souhaite) où alternent des zones naturelles avec des zones habitées voire même des zones où le bois est exploité. Dans cette zone se trouvent différents opérateurs privés qui ont construit des lodges qui accueillent les groupes de touristes. Les tour-opérateurs louent des prestations (nuitées et visites de sites appartenant au lodge) à ces lodges mais certains ont également leurs propres lodges. Selon le prestataire que vous choisirez à Cuzco vous ne verrez pas la même chose. Ainsi, certains passent une ou deux nuits au Manu wildlife center qui possède une clairière à sel qui attire les mammifères et on peut y passer la nuit dans un affût aménagé. Un autre propose une visite d’un site de reproduction d’aras.

Le tour-opérateur que nous avons choisi proposait les sites standards désormais très classiques et que proposent tous les tours opérateurs, à savoir les parades de coq de roche dans la forêt de montagne, l’observation des loutres géantes et les berges de rivières à aras.

Ce sont les trois points forts du parc de Manu qui font venir les touristes avant tout.

Beaucoup de visiteurs « remplissent le contrat » mais il faut savoir que, malgré tout, nous sommes dans la nature et que rien n’est acquis d’avance. Ainsi il peut arriver de ne pas voir les loutres ou que la pluie empêche les aras et autres perroquets de venir sur les berges argileuses.

Notre choix est fait et le jour J nous sommes pris à notre hôtel à 5 heures du matin pour rejoindre le groupe de 10 personnes réunies au bureau de la compagnie. Un car nous attend, nous sommes accompagnés d’un guide, d’un cuisinier et d’un « boatmen ». Nous démarrons à 6 heures pour un périple de 12 jours en ce qui nous concerne. On peut choisir un peu à la carte et certaines personnes ne sont restées que 5 jours.

Le premier jour est spectaculaire car on quitte Cuzco après une longue traversée de la banlieue pour s’engager dans le dédale interminable des plateaux andins. Les paysages sont magnifiques. Le passage le plus haut doit se situer aux alentours des 3800 mètres puis on bascule sur le flanc est des Andes et le paysage change très rapidement. On entre très vite dans les brumes et on quitte les plateaux secs à la végétation clairsemée pour se retrouver entouré d’une forêt de montagne.

L’entrée du parc se situe à 3400 mètres. A partir de ce point vous attend une descente vertigineuse de 3000 mètres jusqu’au bassin amazonien ! La route devient très vite une piste soumise aux rudes épreuves des pluies perpétuelles. Vers 15 heures, le car s’arrête et j’ai la surprise de voir que nous sommes arrivés au site des coqs de roche. Je croyais que l’on y allait plutôt le lendemain matin. Mais non c’est maintenant et mon pied photo est toujours dans les bagages, illusoire de prendre le 500 donc et il va falloir faire avec le 28-300 à main levée. Après avoir franchi une porte de bambou on suit un petit chemin bref et glissant jusqu’à une plateforme étroite ou tout le monde doit s’entasser. Pas de regret donc pour le pied et le 500 que j’aurais eu du mal à installer. Il y a 3 coqs mâles qui paradent et c’est quand même extraordinaire de constater leur indifférence aux visiteurs. Ils sont à une vingtaine de mètres, en partie cachés par la végétation assez dense et il ne sera pas possible de faire un portrait.

Un deuxième groupe de touristes arrive et on se retrouve assez serrés, bref loin des conditions nécessaires à l’exercice serein de la photo animalière. Mais Il faut s’en accommoder. Au bout d’une heure on nous fait comprendre qu’il faut partir ce qui est très frustrant mais je savais ce qui m’attendait en m’inscrivant dans un circuit organisé. Bref, pas de photos intéressantes de ces oiseaux ; que du « tout-venant ».

On continue à pied jusqu’au lodge du soir, ce qui nous permet de découvrir la très dense végétation de cette forêt. Je reste étonné de voir avec quelle facilité on peut voir ces oiseaux qui, paraît-il, paradent sur le site toute l’année. Visiblement on les voit quasiment à chaque coup, je n’obtiendrai pas plus d’explications.

La journée du lendemain commence avec le car qui finit sa descente et nous arrivons en milieu de matinée à Atalaya où nous attend le bateau. Ce sera ensuite quasiment une journée passée sur la rivière, le « Madre de Dios » et nous arrivons, en fin d’après midi, à un lodge situé non loin de l’entrée de la rivière Manu et du parc car, pour le moment, nous sommes dans la zone périphérique. Durant la soirée nous aurons l’occasion de photographier des grenouilles, un serpent et pas mal d’insectes.

C’est le troisième jour que nous entrons dans le parc en remontant la rivière Manu.

Après l’inscription obligatoire sur le registre du parc, nous arrivons au camp constitué de petites huttes individuelles, sommaires mais parfaites pour l’usage que nous en ferons. Durant ce trajet en bateau, nous aurons l’occasion de photographier les deux espèces de caïmans dont le noir. Mais, malgré tout, la faune reste assez rare, on y observe surtout des oiseaux dont les quatre espèces d’aras. Le reste de l’après midi sera occupé par une découverte de la forêt alentour.

Le lendemain : deuxième point fort avec l’observation des loutres géantes.

Arrivé au bord de la cocha (bras mort d’une rivière), on s’installe sur un radeau poussé à la pagaie par deux de nos accompagnateurs. C’est silencieux et efficace ; au bout de 10 minutes, le groupe de loutres s’approche, elles sont bavardes et joueuses mais surtout très occupées à pécher. C’est une famille de 5. J’ai pu, sans problème, installer mon pied avec le 500 et c’est bien utile car les loutres restent à 20 ou 30 mètres (avec le D7000 j’ai l’équivalent d’un 750), trop loin pour faire un bon portrait ; de plus il est difficile de faire une bonne image car on est comme sur un lac et on ne peut espérer faire que la tête qui dépasse de l’eau. Malgré tout c’est un moment fabuleux car ces animaux sont très attachants. On restera en contact pendant plus d’une heure. Très bon souvenir.

La visite du parc même se termine avec ces deux jours.

Ensuite nous allons au lodge de Blanquillo qui possède un site pour les aras. Nous sommes dans la zone périphérique et plusieurs lodges possèdent ainsi des réserves naturelles. Le jour J on se lève de bonne heure et nous sommes sur place à 6 heures. J’ai la surprise de découvrir un immense affût construit tout en longueur face à la berge qui a été soigneusement dégagée de sa végétation pour rendre les oiseaux visibles. Nous serons trois groupes de tour-operateur différents. Aucun souci bien entendu pour installer le matériel et, là aussi, le 500 est le bienvenu car la berge est à 70 mètres environ de l’affût. C’est le grand confort avec service du petit dej ! Malgré tout, cet affût en bois se révèle très vite très bruyant par les bruits de pas sur le plancher et, surtout, beaucoup de vibrations dès que quelqu’un se déplace (ce qui est quasiment constant). Mais en face : quel spectacle ! une cinquantaine d’aras chloroptère et plusieurs centaines de petites espèces (amazones et aratingas). C’est un festival de couleur et je n’hésite pas à faire des séquences vidéo. J’arrive à en sauver quelques-unes malgré le plancher qui bouge.

Le séjour se terminera avec deux nuits supplémentaires que nous passerons seuls au lodge de Pantiacolla. Nous voulions en effet avoir un peu de moment pour faire quelques images en toute liberté mais finalement nous ne verrons rien d’extraordinaire durant ces deux jours, sauf un beau contact avec une troupe de pécaris à lèvres blanches.

Le bilan : il reste bon et même très satisfaisant avec ces conditions de voyages. Et le résultat est visible sur les images. Les trois grands rendez-vous ont été honorés. Nous avons vu 6 espèces de singes mais quasiment aucune image correcte et c’est compréhensible dans cette forêt primaire où ils gravitent à plus de 30 ou 40 mètres de haut, beaucoup de photos de petits animaux et l’observation d’une vraie forêt primaire ce qui devient de plus en plus rare. On peut toutefois se demander s’il faut privilégier Manu pour ces observations car il demande 4 jours de voyages aller et retour (nous avons fait 450 km en bateaux !) donc beaucoup de temps sacrifié aux déplacements alors que le parc de près de Puerto Maldonado est immédiatement accessible donc moins cher. L’inconvénient est une fréquentation plus grande. On y voit les loutres et il existe d’autres berges à aras avec d’autres espèces. Par contre, pas d’observation de coq de roche. Ailleurs il faut savoir que l’Equateur offre les mêmes observations dans d’autres milieux dont beaucoup de sites de forêts de montagne. Et surtout, le Pantanal au sud du Brésil est beaucoup plus favorable aux photos de loutres car c’est dans des petites rivières, les animaux sont proches et se positionnent sur les berges ou sur les arbres couchés. On voit ces photos sur certains sites et cela n’a rien à voir avec ce que l’on peut faire à Manu. De plus, il semble facile d’y faire la grande faune dont le tapir, et même de jaguar au Jaguar research center (mais très cher). Vous l’aurez compris c’est inscrit dans mes projets.